Célèbre dans le Nord de la France, l'huile d'œillette est extraite des graines de pavot blanc.
Les graines du pavot noir sont employées comme épice en Europe Centrale et au Moyen Orient. Une fois cuites, elles possèdent un goût de noisette et elles aromatisent de nombreuses pâtisseries.
Grace aux alcaloïdes puissants qu'il contient, le pavot favorise le sommeil et est un bon antalgique. C'est également un antitussif et il combat la diarrhée.
La capsule incisée du pavot nous donne l'opium ; la morphine est extraite de l'opium qui sert de base à l'héroïne.
Le pavot officinal appartient à la législation des stupéfiants.
Au XVIème s. Paracelse introduit l'emploi de l'opium comme médicament.
Au XVIIème s. l'Anglais Thomas Sydenham étudie son action et met au point une nouvelle formulation : le laudanum.
Au XVIIIème s. l'abus d'opium à grande échelle apparaît en Europe, en Angleterre, dans le milieu ouvrier.
Début XIXème s, c'est à partir de l'opium que l'Allemand Friedrich Sertürner isole la morphine.
D'importants personnages politiques comme Pierre le Grand, Frédéric II, Catherine de Russie, Richelieu, Louis XIV et bien d'autres en consomment tous les jours, de même qu'un peu plus tard, de nombreux artistes et intellectuels comme Goethe, Shelley, Coleridge, Goya.
Le pavot est considéré comme une fleur aux vertus bienfaisantes et maléfiques, une plante qui soulage, mais qui peut procurer la mort lorsque l'homme veut accéder au pays des rêves et de l'oubli. Le pavot et ses usages, condamnés par l'Eglise, restent confinés dans le secret des sorciers et guérisseurs (médecins et apothicaires) :
Les médecins se bornent surtout à suivre la tradition romaine, et les apothicaires usent de la fameuse Thériaque, qui contient le suc de pavot.
Au XIIéme siècle, les croisés contribuent à réintroduire le pavot et son usage : euphorisant général et médicament. Puis les Arabes, ayant compris le pouvoir de l'opium (tant pour ses propriétés thérapeutiques que pour le plaisir) et du commerce qu'ils pouvaient en tirer, font connaître la plante à l'Occident.
Il est utilisé pour son pouvoir analgésique et soporifique, comme hypnotique, bien que sa toxicité soit connue et qu'il puisse être un redoutable poison.
Le terme de " papaver " proviendrait de " papa " la bouillie, parce que les nourrices gauloises mêlaient du pavot à la bouillie des enfants pour les endormir.
A Rome aussi il est utilisé par les médecins :
o Dioscoride invente le premier sirop antitussif à base d'opium (jus du pavot).
o Galien l'incorpore dans sa " Thériaque " (remède panacée).
o Pline l'Ancien signale ses propriétés analgésiques et anti diarrhéiques. Il écrit :
" On pile le calice du pavot blanc, et on le prend dans du vin comme soporifique. La graine guérit l'éléphantiasis. Le pavot noir est soporifique par le suc que fournit l'incision de la tige au moment où la plante commence à fleurir … Ce suc non seulement a une propriété soporifique, mais encore, si on le prend à trop haute dose, il cause la mort par le sommeil. On le nomme " opium ".
A Rome, en 312, il existe près de 800 magasins vendant de l'opium ; son prix, modique, est fixé par décret de l'empereur. La récolte est faite par scarification des capsules comme c'est encore le cas aujourd'hui.
o Il figure sur des monnaies, et la déesse Déméter est représentée avec des plants de pavot dans ses mains.
o Morphée secoue chaque soir ses pavots sur les mortels pour leur procurer sommeil et oubli.
o Les dieux Hypnos et Thanatos sont ornés de guirlandes de pavot ou en tiennent dans la main.
o Dans l'Odyssée, Homère parle d'une boisson procurant l'oubli de tous les chagrins, qui contient vraisemblablement de l'opium.
o Le pavot est présent dans la pharmacopée de Hippocrate (Vème s av J C) et Diagoras (IIIéme s av J C) comme remède pour : douleurs, anxiété, insomnies, migraines, diarrhées, sous forme de jus, de suc ou de pilules élaborées avec les feuilles
Des traces d'opium, datant de 4200ans av. J.-C., ont été trouvées en Espagne, dans une grotte funéraire près de Grenade.
Sur une tablette d'argile sumérienne (3000 av J.-C), une inscription gravée en cunéiforme décrit la cueillette matinale du suc de pavot appelé " plante de joie ".
En Égypte, un papyrus (1552 av J C) relate l'usage du pavot pour arrêter les cris des bébés.
Dans la Grèce antique, le pavot acquiert sa réputation de remède médical d'une part, et de drogue utilisée dans la Mythologie Grecque d'autre part :
Connu depuis le début de l'histoire de l'humanité, le pavot est cultivé dès l'époque préhistorique pour ses graines non toxiques. Des traces de pavot ont été retrouvées sur des sites néolithiques et paléolithiques, ce qui laisse à penser que cette plante a été très tôt reconnue pour ses qualités psychotropes remarquables